Espace potentiel a réuni à la
Galerie de L’ERG des propositions artistiques actives qui dessinent chacune de
multiples expériences de l’attention.
Do not interrupt your activity promet de
poursuivre une activité avec une autre qualité de temporalité par la
continuité temporelle que peut représenter le geste esthétique, tout en
stipulant de ne pas s’arrêter, de ne pas être distrait par autre chose
que par ce qu’il se passe, alors que chacun ne cesse de sauter par phases
ininterrompues et successives, d’une activité à l’autre.
Ces journées à la Galerie de l’Erg seront une
réappropriation consciente de la durée, dans le flux du temps continué,
perpétuel, aliéné du monde connecté.
Do not interrupt your activity réagit au temps minuté, autant qu’ininterrompu du
travail.
L’expérience contemporaine du temps devenue anxiogène,
intriquée à la probabilité de l’extinction des espèces, si elle se poursuit
autrement, que pourrait-il en surgir ?
Ce temps, nous le proposons, sous la forme d’une
échappée, à ce qui fait habituellement l’activité, essayant de faire coïncider
l’activité du travailleur, et l’activité du rêveur, à partir de la possibilité
donnée aux visiteurs, d’une observation continue, définie non plus par le
rendement, mais par l’expérience artistique.
Rendre compte de l’expérience artistique avec un autre degré de
compréhension est une forme d’expérience attentive de la situation. Les types
d'expériences qui peuvent souvent se produire dans des projets artistiques
socialement engagés (y compris des interventions radicales) sont représentatifs
de ces actes d’attention. La création artistique se déploie, autant comme
fiction critique, que comme espace attentif au réel.
Une attention rendue manifeste par la mise en oeuvre de
collaborations entre des situations, des contextes, des personnes rencontrées,
des intervenants. Ce partage d’expériences agit à l’intérieur d’un espace
offert par le champ artistique, mais aussi offert par la vie, en dehors de
toute pratique artistique.
Les expériences artistiques sont des expériences attentives à nos
manières d’exister, à la réalité, à l’intelligence des situations. Cette
participation sociale, et attentive, à la création artistique, va définir une
sorte de territoire, qui est autant un espace dramatique, qu’un espace attentif
au réel. Les espaces alternatifs, les laboratoires flottants politiques et
artistiques nous permettent d’aborder la question de la fonction critique de
l’attention, et comprendre comment participer à l’écriture de ce qui nous
entoure, dramaturgiquement.
Praticiens, chercheurs, peuvent apprendre beaucoup, en pensant un
espace propice où l’art peut être vécu sous une forme dramaturgique par les
participants.
Si la scène mondiale est
dramatique et dramatisée, il existe « un espace de jeu », où la dramaturgie
apparaît comme une autre manière d’aborder les modalités sociales, économiques
et géographiques du travail artistique, et de la société. Et cela, selon des
destinées collectives, plutôt qu’à partir de la prééminence des parcours
individuels. La
dramaturgie, en tant que charge esthétique expressive, permet de rendre compte
de l’expérience, avec un autre degré de compréhension, et selon une sorte
d’expérience attentive de la situation.
Do not interrupt your activity procédera selon un commissariat inversé, où les
artistes donneront la mesure du temps et de l’espace, notamment à partir de
leur propre relation à la temporalité ; actifs à jouer sur des reprises,
des commencements, des interruptions, des durées non conventionnelles.
Raya Lindberg et Nadège Derderian pour espace potentiel
Listes des œuvres et
des artistes
- Michel François ( vit et travaille à Bruxelles)
Martyr (Carpet)2017, Instant drawing (blue sky) 2019.
Les mises en espaces de Michel François posent souvent à travers une
fascination pour l’objet vivant, ou inerte, une sorte d’empirisme, mis à
l’épreuve de l’imaginaire. Par le biais d’un tapis persan, noirci à l’encre,
que le frottement répété des pas révèle sous la forme d’un cercle concentrique ;
l’activité du marcheur devient celle du martyr, qui endure le temps jusqu’à
l’épuisement. Rendu tangible, le drapeau noir du fondamentalisme religieux, recouvre d’un même tenant, ce symbole de la
tradition orientale du tissage. Tout porte à croire que l’activité lancinante
de la marche arrive alors à ramener le motif à la surface ; attentif à déchirer le voile. Quant au ciel
brut d’Instant Drawing selon un trait
qu’on pourrait croire infini comme l’azur, il est fait d’un trait de craie effaçable,
comme si le ciel s’interrompait, une
trace marquée par le vers de Rimbaud lui-même succession de points heurtés dans
l’instantanéité de la sensation présente : « Elle est retrouvée. Quoi ? – L'Eternité. C'est la mer allée. Avec le soleil. »
Martyr (Carpet)2017
|
Instant drawing (blue sky) 2019
https://www.xavierhufkens.com/artists/michel-francois |
- Claude Cattelain (vit et
travaille à Bruxelles)
From sand to dust - 2011 - Video (Marcher sur place en creusant le sable. ) Nailed
lid off : Planches,
cartons et clous, brûlés- 2009
–
Du sable à la poussière
est une vidéo qui présente sur 3 heures 57 la marche dans le sable de Claude
Cattelain, sauf qu’il ne parcourt pas l’espace, il le creuse inlassablement jusqu’à
s’enfoncer dans le sol. L’activité du marcheur est aussi celle du rêveur, l’important
n’étant pas le chemin parcouru, mais le temps passé à marcher, ou peut-être
même à creuser dans la durée, un abri à certains égards mortifère. Les panneaux
de bois cloutés, et brûlés, de Nail Lid
off, rendent compte d’un âge ancestral, où la tablette d’argile était la
surface des écritures cunéiformes. Dans sa version contemporaine proposéée par
Claude Cattelain les clous métallisés sont restés dans le support, métaphore de
la mémoire impactée par une vie d’expériences.
|
FROM SAND TO DUST
Video - hd - 16/9 vertical - 3 h 57 mn - 2011
Marcher sur place en creusant le sable sous mes pas.
Walking on the spot, stomping down the sand beneath my feet.
|
- Robert Suermondt (vit et
travaille à Bruxelles)
Horizon 2018, huile sur toile , 2019 ; Remparts ; huile sur toile ; Tournée 2019.
Dans les toiles de
Suermondt, un dédoublement s’opère : le visage que l’on voit est projeté, diffracté,
et se concentre sur les périphéries
plutôt que sur les faces. Toutes les peinture, sont faites dans cette visée de
dégager une autre image d’un face à face initial. Robert
Suermondt est attentif aux tournoiements des lignes des fuites, et des
perspectives, tel que le renverrait un
miroir brisé, ou le vent qui déplacerait
une feuille, sur tous ses côtés à la fois. Le résultat "envisagé"
restant peu visible, le tableau multiplie ainsi les angles de vues, et reporte un temps
continu, en même temps que segmenté. « Tournée » répercute ainsi la
cadence performative et motorisée du monde de l’entreprise, faite de tempos
courts, et dépersonnalisant.
Tournée 2018 |
Horizon 2018 |
-Tatiana Bohm (vit et travaille à Bruxelles)
|
https://tatianabohm.wordpress.com/about/
- Kika Nicolela (vit et travaille à Bruxelles).
Actus, installation
vidéo, 2017.
- Effi & Amir (vivent et travaillent à Bruxelles).
Les
vidéastes Effi et Amir migrent d’Israël en Belgique en 2005. Un olivier, arbre
méditerranéen par excellence, planté dans le parc Léopold, devient dès lors le
point de mire de leur exil.
L'état
de l'arbre se détériore progressivement jusqu'au printemps 2012, où il a été
enlevé, laissant une plaque de terre sur l'herbe. L’arbre
dans Google Map est cependant toujours là mourant continuellement. The Vanishing Point est une sorte de
film-essai, une chaîne de pensées et d'observations, parfois concrètes, parfois
poétiques, évoluant au cours d'une promenade contemplative dans un jardin
européen. La vidéo est surtout un questionnement sur ce déplacement actif et
passif de la migration, autrement dit sur ce qu’on laisse, ce avec quoi on
part, sur ce qui meurt, et pour finir sur l’archivage de nos vies par la
mémoire digitale.
- Emmanuel Ferrand (vit et travaille à Paris).
Enseignant-chercheur, Emmanuel
Ferrand, explore, hors du monde académique, et au sein du collectif "La
Générale", à Paris l'interface des arts et des sciences. Ses recherches
actuelles portent sur la mathématisation, et la numérisation du monde, et sur
ses limites, particulièrement en ce qui concerne le vivant, et le biologique. Sa performance sonore est une adresse à la
dualité discrète / continue, basée sur une documentation scientifique, et
traitée via de "vieux" médias analogiques.
- Gilles Hellemans (vit et travaille à Bruxelles )
Adhesives Solutions, Installation
multimedia 2019.
Les barrières métalliques,
électriques, dans le paysage urbain forment des limites à ne pas franchir. D’actifs,
nous devenons alors passifs, et soumis à la démarcation imposée. La liberté de
circulation se trouve souvent en contradiction manifeste avec la réglementation des territoires. En
transit, et parfois rejeté de toute part, que se passe-t-il, alors, pour celui
qui cherche refuge ?
Adhesives solutions
http://wiki.erg.be/m/#Bienvenue_%C3%A0_l%E2%80%99erg - Philippe Calandre (vit et travaille à Paris)
ArchitectÜr
KO19, 9 dessins graphite sur papier.
Des
dessins comme autant de fictions critiques où est figurée la limite subtile, entre
le réel d’une architecture moderniste, et l’imaginaire de l’utopie. L’activité
urbaine hyper continue est en cela suspendue, pour laisser place à la
monumentalité, quasi patrimoniale, de bâtiments construits, sur des planètes
exogènes. Si l’image est arrêtée, l’An O peut bien, quant à lui, commencer. Le
travail minutieux du dessin, et l’absence de couleur viennent rappeler combien
la graphie se déploie sur un temps long
rythmé par la valeur de contraste des noirs et des blancs.
- Eve Bonneau (vit et travaille à Bruxelles),
What
if I get out of the line? Performance / Et si je dépasse la ligne? 2019.
- Gary Farrelly (vit et travaille à Bruxelles),
Performance Political Ideation Lists 2019.
La croyance en l’efficacité administrative sur
laquelle une société s’arrime, OJAI :
Office for Joint Administrative
intelligence de Gary Farrely, en mime les idiomes technocratiques, et démontre
la dimension aussi bien contraignante, que baroque, des gestes bureaucratiques
dans l’espace public. Gary Farrely par ses fictions politiques interpelle, et
interroge notre pseudo citoyenneté dans une démocratie des réseaux.
- Ben Rivers (vit et travaille à Londres)
Slow action, 2013, film.
Ben Rivers nous
situe directement dans la science-fiction comme dernier lieu de l’activité
créatrice.
Quel type de société pourrait se
développer loin du monde, coupé de tout, dans une île isolée, mais qui néanmoins
qui continuerait de survivre activement à l’effondrement alentour ? Ben
Rivers filme des îles utopiques comme
des traités de la peinture, en même temps que des constats écosystémiques d’une
humanité, et d’une terre dévastée. À partir de recherches biogéographiques
effectuées sur plusieurs îles, ce film imagine notre terre dans les siècles à
venir. Le commentaire érudit tente de retrouver les informations susceptibles
d’aider à la reconstruction de ces mondes disparus, et permettre à de micro
société future d’émerger à nouveau.
contact: Raya Lindberg: rayalindberg@gmail.comNadege Dederian: derderian.nadege@gmail.com |